Notre escapade de Pâques
Vous souvenez-vous de Noël, Día de la Familia en Uruguay? Les congés de Pâques, qui coïncident avec la Semaine sainte, portent depuis 1919 le nom de… "Semana de Turismo".
C'est pour beaucoup de personnes l'occasion de profiter des derniers beaux jours pour partir quelques jours en vacances. Des festivals et des événements sont organisés dans différentes villes d'Uruguay, et les stations balnéaires connaissent un dernier sursaut touristique avant qu'il ne se mette à faire plus froid. Car ici, l'automne s'installe: les températures deviennent plus fraîches, des arbres deviennent jaunes et perdent leurs feuilles… et bientôt, certains commerces et restaurants de La Barra fermeront pour ne rouvrir qu'à la fin du printemps.
La rue principale de la Barra pendant la "Semana de Turismo"
Nous avons, nous aussi, profité de ces quelques jours sans école pour improviser une petite escapade en province. Une maman de l'école nous avait parlé d'une aire protégée où travaillait son cousin, la Quebrada de los Cuervos. La nature avait l'air belle, il y avait un camping… que demander de plus?
Le temps s'annonçait très incertain, donc nous sommes partis sans avoir une idée très précise ni de l'itinéraire, ni de la durée du voyage, et ça a donné cette boucle:
Aiguá: première étape, première déconvenue! Le village était mignon et nous nous étions imaginé que nous pourrions ici bien déjeuner, mais nous n'avons pas trouvé un seul restaurant où manger. C'était dimanche, beaucoup de commerces étaient fermés, les rues étaient assez vides… nous avons fini par avaler un sandwich mou et sans goût.
Le stand de confitures est alléchant quand on a faim :-D
La Quebrada de los Cuervos
Nous sommes arrivés en fin d'après-midi à la Quebrada de los Cuervos, et nous avons vite constaté que faire du camping en automne est un peu différent de faire du camping en été. Déjà parce qu'il fait plus froid, mais aussi parce que la nuit tombe beaucoup plus tôt! A 19h, il faisait nuit… et le premier jour, nous étions tous au chaud (c'est à dire au lit) avant 21h.
La fascination des enfants pour le feu - ils se sont longuement occupés avec après avoir ravivé tout seuls des braises…
A côté du grand barbecue commun, quelques seaux vides suspendus là au cas où… ils sont soucieux de la sécurité dans ce camping!
Nous avons fait deux randonnées très différentes. La première était assez courte, elle passait sur un terrain privé et menait à une jolie cascade. J'ignore si les quelques pesos de droit de passage incluaient l'accompagnement par le chien de la maison, ou s'il a juste remarqué qu'aller avec les promeneurs pouvait mener à partager leur pique-nique, mais il nous a suivis à l'aller comme au retour, et s'est même baigné avec délectation dans la cascade comme dans la lagune, partageant avec Magali et Michael un court moment dans l'eau froide. Au retour, nous avons pris le temps d'observer les quelques animaux de la ferme et nous y avons mangé une délicieuse potée de lentilles (avis complètement subjectif des parents - les enfants n'ont pas été aussi enthousiastes).
Concentration pour traverser le dangereux pont
Le seigneur de la cascade
Chouette, un compagnon de baignade! (je retranscris la pensée du chien, l'humain était moins enchanté)
Les moutons de la ferme
Le contraste entre d'un côté la douceur des habits de bébé qui sèchent dans le jardin…
… et de l'autre côté la viande qui sèche elle aussi, quelques mètres plus loin dans le hangar. Nos voisins de camping en ont acheté quelques bouts pour un barbecue…
Au milieu de tout ça, une poule, qui elle ne sèche pas, mais trône, stoïque, entre les habits de bébé et la viande dont elle n'a que faire.
La deuxième randonnée était un circuit complètement balisé et extrêmement encadré, cela en était presque déroutant! La randonnée de la veille, il n'y avait personne, et là nous avions l'impression de tomber nez à nez avec un guide tous les quelques mètres… ils étaient postés en différents endroits tout au long du circuit afin de s'assurer que tout allait bien, rappeler les règles de sécurité, et parfois nous donner quelques indications sur le lieu où nous nous trouvions.
La difficulté d'un parcours est une notion toute relative: en Uruguay, le point le plus haut du pays est situé à 514 mètres d'altitude. Une randonnée est donc vite considérée comme exigeante juste parce qu'il y a quelques pierres et que ça monte et descend un peu. Une personne comme moi, ni endurante ni sportive, va pouvoir profiter tranquillement du paysage sans trop s'essouffler… et autant dire qu'un Suisse habitué à faire des randonnées en montagne aura l'impression de faire une promenade de santé!
Les restrictions d'âge ne nous ont pas paru vraiment justifiées sur un parcours de même pas trois kilomètres… pour ne pas être limités, Martin a donc pris quelques mois de plus le temps de la balade.
Il y avait un micro-climat dans la forêt qui descendait à la rivière.
Le but de la promenade étant de profiter du calme et de la nature tout en la perturbant le moins possible, il était interdit de cueillir des plantes, de crier, de jeter des pierres dans l'eau ou de se baigner.
Il y avait un ruisseau dont l'eau était tellement pure, qu'il était possible de la boire directement. On nous a proposé de remplir nos bouteilles…
… et pas étonnant que cette eau soit si pure, quand le paysage est comme ça de tous les côtés!
Le festival de musique Olimar à Treinta y Tres
Nous étions un peu indécis sur la suite de l'itinéraire. Et comme tout le monde nous parlait du festival de musique uruguayenne qui se déroulait au même moment dans la ville voisine de Treinta y Tres, nous avons décidé d'aller y faire un tour.
Le lieu était encore calme l'après-midi…
… mais il est devenu de plus en plus animé vers le soir. Nous n'avions encore jamais posé nos tentes dans un endroit aussi bondé et enfumé. Que de monde! Que de feux! Quel brouhaha! Nous nous sommes installés le plus loin possible de l'estrade, sur un petit bout d'herbe disponible. Avec le cheval qui broutait de l'autre côté du grillage, ça paraissait presque bucolique…
… mais la vue depuis les tentes était en fait un peu différente!
De la fumée à gogo (et les silhouettes de Michael et Magali)
Des "barbes à papa" idéalement placées au centre de l'aire de jeux
La rivière Olimar, qui a donné son nom au festival
Et bien sûr: une estrade, de la musique, des gens qui se promènent le maté à la main, d'autres qui s'installent confortablement sur leur chaise de plage.
L'ambiance du festival était très familiale et la musique sympa, mais extrêmement forte près de l'estrade, et sans protections auditives, impossible pour moi de l'apprécier. J'avoue que j'ai assez vite préféré la chaleur de mon sac de couchage et un bon livre :-D
Chuy: un petit tour au Brésil pour faire des achats
Ici, quand on a besoin de matériel technique ou informatique, on va à Chuy, une ville frontalière qui vit du commerce. Une partie est située en Uruguay, l'autre au Brésil. On y trouve de tout, à des prix beaucoup plus bas qu'en Uruguay. L'avenue principale est une succession de magasins en tout genre: vêtements, nourriture, matériel sportif ou électronique… les supermarchés ne manquent pas, et l'effervescence est constante avec tous les stands qui encombrent les trottoirs juste devant les magasins. Qui vend des peluches et jouets pour enfants, qui vend des casques et hauts-parleurs un peu trop bon marché pour être de la marque annoncée… chacun essaye de gagner sa vie comme il peut.
L'ambiance de Chuy: des stands, des magasins, et du monde qui se promène des sacs plastiques à la main
Au milieu de l'avenue, des places de parking en quantité… il fut malgré tout difficile d'en trouver une où se garer.
Chevaux et charrettes sont encore parfois utilisés comme moyen de transport…
Dans les supermarchés, il y a non seulement une personne chargée de la caisse, mais aussi une personne dont le travail consiste à mettre tes courses le plus vite possible dans des sacs en plastique :-O
Même si nous aurions pu céder à la tentation d'acheter un aspirateur, nous n'étions pas ici pour de l'électroménager, mais pour acheter un disque dur externe. Toutefois, on perd facilement quelques heures à Chuy… c'était donc déjà le soir quand nous sommes arrivés au camping du Parc national Santa Teresa.
Des militaires à la plage
Le parc Santa Teresa est très arboré et bénéficie de superbes plages. Ce sont des militaires qui sont chargés de la gestion du camping et c'est assez surprenant la première fois, car on ne s'attend pas à des personnes en uniforme quand on vient se détendre au contact de la nature! Ils n'ont toutefois rien en commun avec les militaires du plan Vigipirate qui patrouillaient sans cesse dans la Gare du Nord à Paris pendant mes études. Déjà, ils n'ont pas le même teint (l'air frais de la mer est sans doute plus sain que l'air des souterrains de la gare), et ceux-là n'ont ni le doigt sur la gâchette, ni l'air tendu de leurs homologues parisiens. Ils affichent un air extrêmement décontracté, ils s'occupent des campeurs avec beaucoup d'amabilité, et s'ils portent une arme, elle est bien cachée.
L'aire de camping était immense… les premiers voisins étaient à bonne distance - les toilettes aussi!
Nous avons fait connaissance avec un couple de Suisses à la retraite. Anciens boulangers, ils nous ont révélé quelques trucs pour faire un meilleur pain… Une autre fois, nous nous sommes retrouvés coincés dans un fossé (le terrain était plein de creux et de bosses) et nous avons apprécié la gentillesse des gens passant en voiture au même moment. A peine avions-nous réalisé qu'il allait falloir pousser notre véhicule, que déjà deux personnes s'empressaient de venir nous aider!
Fait rare, Magali et Martin nous ont offert une grasse matinée! La forêt les a inspirés: sitôt levés, ils se sont mis à fabriquer des nids de Pâques.
A la plage un jour de haute fréquentation!
Après avoir escaladé les rochers…
… les enfants ont rassemblé des coquillages et ont imaginé qu'il s'agirait d'une exposition dans un musée. Nous avons eu droit à une courte visite guidée…
Après cette dernière étape, nous sommes rentrés à la maison en faisant une halte de quelques heures près de la Pedrera, un village au bord de la mer. Nous y avons effectué une scission stratégique de la famille en deux camps: pendant que Magali et moi faisions une balade à cheval à travers champs et sur la plage (quel sentiment de liberté, ces grands espaces à perte de vue!), Martin et Michael sont, quant à eux, allés au village manger un demi-kilo de glace…
Bref, ce voyage n'a duré que quelques jours, mais il vient ajouter son empreinte à notre collection de souvenirs :-)