De l'autre côté de la Cordillère des Andes
Traversée de la Cordillère des Andes
Nous avons traversé la Cordillère des Andes et roulé jusqu'à San Pedro de Atacama au Chili.
Malgré sa puissance très limitée, notre fidèle petite voiture a avalé des kilomètres et des kilomètres de côte et de pente sans broncher.
Nous sommes passés par le salar des Salinas grandes, une étendue de sel impressionnante…
… et avons mangé des tortillas achetées en chemin
Nous avons ensuite traversé des paysages arides et désertiques semblant s’étendre à l’infini qui nous ont fortement impressionnés par leur variété, leur immensité et leur beauté… bienvenue au désert d'Atacama!
Parfois, au détour d’un tournant, la montagne change complètement d’aspect et de couleurs, et c'est un paysage différent qui s’offre à nous…
Nous avons croisé de nombreuses vigognes en liberté…
… aperçu des volcans…
… et même des flamants roses!
L’altitude atteignait parfois 4850 mètres et même si nous ne faisions que passer en voiture, nous en avons ressenti légèrement les effets.
San Pedro de Atacama
Autant les alentours sont impressionnants, le village en lui-même n’a rien de transcendant (à part peut-être sa boulangerie française :-D).
C’est un lieu dédié au tourisme: partout, des agences de voyages organisant des tours, des boutiques de souvenirs, des restaurants… dans les rues, beaucoup de voyageurs avec des sacs à dos.
Nous sommes restés là deux nuits dans un camping minuscule à la gérante tout juste aimable, puis nous avons cherché autre chose…
… et nous avons trouvé le camping parfait!
A moins d’une demi-heure de route du village, nous avons trouvé le camping parfait: de l’ombre (pour nous comme pour la voiture), de la place (les enfants peuvent jouer dehors à leur aise), du calme (incroyable, pas de voisins bruyants et très peu d’enfumage par barbecue), des toilettes dont les portes ferment, avec même du papier et du savon à disposition, de l’électricité, des douches à peu près chaudes, de l’eau potable, internet, un frigo commun, une machine à laver, une piscine… et un propriétaire et une gérante adorables, qui nous ont prêté un réchaud à gaz car comme l’électricité est solaire, notre plaque électrique risquait de ne pas fonctionner le soir. Certes, l'air est extrêmement sec, mais l'absence de pluie est pratique, et l'absence de moustiques est aussi bien appréciable.
Le grand confort… nous n'en demandions pas tant!
Il y a même des lamas, moutons, chèvres et alpagas qui se promènent tous les matins sur le camping (ce qui évidemment plaît bien aux enfants)
Nous avons très vite fait connaissance avec d'autres familles (du Chili, du Brésil, de France…) et avons passé une excellente semaine ici.
De délicieuses trouvailles
Quelques jours après notre arrivée, nous sommes allés à Calama, la grande ville la plus proche, pour faire contrôler la voiture (il fallait réaligner les pneus) et faire les courses.
Ça nous a pris la journée, car nous avons pas mal erré avant de trouver un garage… et nous avions oublié à quel point organic maps est optimiste dans ses calculs d’itinéraires… il faut dire que notre voiture atteint péniblement les 30 km/h dans les côtes et qu’il y avait beaucoup de dénivelé, donc là où les autres mettent peut-être 1h30, nous avons eu besoin de 2h. Sur le chemin du retour, nous avons pu admirer le coucher du soleil sur un paysage lunaire assez incroyable: sommes-nous encore sur Terre?
Le clou de l’excursion a toutefois été le tour à l’hypermarché «Jumbo»… qui n’avait que l’éléphant en commun avec son homologue suisse (ici, principalement des aliments, pas d’articles de bricolage ou de jardinage). Nous avons déambulé dans les rayons en nous exclamant régulièrement sur les magnifiques trouvailles que nous faisions. Du parmesan! Des yaourts nature sans arômes ni additifs! Des cranberries et des raisins secs pour agrémenter nos flocons d’avoine du matin! Des amandes! Du chocolat noir à un prix décent!… nous étions comme des enfants qu’on aurait lâchés dans un magasin de jouets - nous avons rempli un caddie et sommes repartis le cœur heureux et léger à l’idée du festin qui nous attendait… je n’aurais jamais pensé m’extasier à ce point sur un yaourt nature! J’en ai savouré le soir même chaque cuillère comme si j’avais le privilège de goûter à l’ambroisie des Dieux: avec solennité, délectation et profond respect pour la substance rare et précieuse. Mon ventre qui a tendance à être capricieux en voyage a lui aussi beaucoup apprécié.
Les lagunes environnantes
Nous avons fait quelques excursions dans les lagunes environnantes. Dans l'une d'entre elles, il est possible de se baigner et l'eau est tellement salée qu'on n'a pas besoin de nager: on flotte tout seul! C'est vraiment une drôle de sensation. C'était toutefois plus amusant pour nous les adultes que pour les enfants car à cause de la quantité de minéraux ils ont tout à coup ressenti toutes les petites égratignures qu'ils avaient sur le corps…
Une autre fois, nous nous sommes levés avant 7h pour aller voir des flamants roses… quand le réveil a sonné, la première réaction de Michael fut de soupirer: "Ah, tes jolis flamants roses!" Oui, oui, je sais, j'aurais pu me contenter de ceux du zoo de Zurich… mais ceux là vivent en liberté, mon cher, en liberté!
Des nuits étoilées incroyables… et une petite mésaventure nocturne
Nous avons pu profiter de nuits étoilées incroyables: une pollution lumineuse quasiment inexistante, pas de nuages, et un ciel d'un beau noir profond car nous étions là juste avant la nouvelle lune.
La veille du départ, j'ai voulu retourner admirer le ciel au télescope. Il fallait aller en voiture jusqu’au village pour rejoindre le point de rendez-vous, donc j’en ai profité pour faire un petit tour et acheter de l’eau… malheureusement, au moment de ranger ma bonbonne de six litres d’eau dans la voiture, je me suis aperçue que la clef n’était plus dans ma poche! J’ai cherché partout, sans succès… impossible de rentrer en voiture, impossible de joindre Michael resté au camping avec Magali et Martin (je n’avais pas de carte sim chilienne, pas internet non plus, et il devait de toute façon être en train de coucher les enfants). Il ne me restait plus qu’à laisser l’eau à côté de la voiture et essayer de profiter de l’excursion quand même… j’ai rejoint le groupe et nous sommes partis en bus à l’endroit des télescopes.
Le tour était très intéressant et les noms de certaines constellations m’ont donné envie de me replonger dans la mythologie grecque. Nous avons regardé au télescope une galaxie magnifique au nom barbare pas du tout grec de «NGC 253». Je n’étais toutefois pas tout à fait tranquille à l’idée que quelqu’un puisse trouver la clef et la voiture: le village est petit, le logo de la marque est dessiné sur la clef, et il n’y a pas tant de Suzuki par ici… en quelques heures, il ne serait pas impossible de trouver la voiture et de partir avec.
L’observation finie, le chauffeur de bus m’a gentiment déposée sur la route menant au camping, si bien que je n’ai eu que deux ou trois kilomètres à parcourir à pied dans la nuit… La route de campagne était heureusement assez sûre (je n’y avais jamais croisé personne) et j’ai vraiment apprécié la présence rassurante des étoiles et des planètes au-dessus de ma tête. Je marchais en direction de la Croix du Sud, une constellation de l'hémisphère Sud qu'on ne peut pas voir depuis l'Europe, et qui fut mon guide cette nuit-là une partie du chemin. En relativisant (nous avons un double des clefs, ce n’est qu’une clef perdue et pas un accident), j’ai réussi à apprécier malgré tout la plénitude du ciel et à ressentir la beauté de ce moment imprévu, n’éclairant le chemin que de temps en temps pour profiter de ce ciel si pur et si fascinant.
A peine arrivée au camping, il a fallu repartir dans l’autre sens, Michael proposant d’aller ensemble chercher la voiture avec sa clef. La probabilité que les enfants se réveillent à cette heure de la nuit était extrêmement faible, et nous ne doutions pas qu'au pire ils sauraient se débrouiller - ils sont assez responsables et ont l'habitude de rester une heure tout seuls à la maison. Si vraiment ils avaient eu besoin d'aide, ils auraient de toute façon pu s'adresser à la famille chilienne voisine avec qui ils avaient bien sympathisé ou encore au couple de retraités romands de l'emplacement d'à côté.
Nous voilà donc partis pour une promenade romantique de plus de deux heures au milieu de la nuit pour rejoindre le village à dix kilomètres de là… nous craignions un peu les chiens errants (à Kyiv, il y avait souvent des meutes qui se promenaient dans les rues), mais ils sont toujours restés à distance. Moi qui voulais admirer le ciel étoilé, j’ai été servie! Nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre mais nous avons quand même eu un gros moment de stress en arrivant dans la rue où j’avais garé la voiture car elle n’était plus là! Nous avons cherché quelques minutes avant de comprendre qu’elle était garée un peu plus loin… Ouf!