La période dorée et l'ombre du retour

L'ombre du retour plâne sur nous depuis déjà plusieurs semaines. Elle est apparue furtivement dès le mois de mars, quand les gens autour de nous se sont rappelés que nous avions dit rester seulement pour une année et qu'ils ont commencé à s'inquiéter de notre date de départ. A ce moment-là, je n'avais pas envie d'y penser car début juillet me paraissait encore loin, et surtout, je voulais profiter à fond des précieux mois qui restaient!

La période dorée de l'année à l'étranger
J'ai l'impression que depuis notre retour de vacances d'été début mars, nous sommes entrés dans la période "dorée" de notre année à l'étranger.

La phase d'adaptation initiale est derrière nous:
-nous nous orientons mieux dans notre nouvel environnement, nous connaissons par cœur certains itinéraires… et pour moi et les enfants qui ne parlions pas du tout espagnol en arrivant, la différence est évidemment énorme par rapport aux premiers mois.
-nous avons nos routines, chaque semaine nos activités, des relations sociales plus approfondies avec les personnes que nous voyons régulièrement.
-nous saisissons mieux comment les gens et les choses fonctionnent, avons adapté notre façon de communiquer et nous sommes habitués aux codes sociaux. Les enfants connaissent par cœur les règles explicites et implicites de l'école, et même si nous continuons constamment à découvrir de nouvelles choses, nous faisons globalement moins de faux pas. Nous savons désormais que les émoticônes cœur sont appréciées et abondamment utilisées même avec des gens qu'on connaît très peu, que les habitudes vestimentaires sont plutôt décontractées, que les gens parlent d'argent beaucoup plus ouvertement qu'en Suisse… et pour moi et Martin qui étions plutôt fermés au contact physique, cette année en Uruguay nous a aussi appris à nous ouvrir plus.

Nous avons profité à fond de ces derniers mois, multipliant les activités et les contacts sociaux. J'apprécie quand nous participons à des événements où les générations se mélangent. Par exemple, quand il y a un anniversaire d'enfants qui est l'occasion aussi pour les parents de passer l'après-midi ensemble. Une fois, je me suis retrouvée de façon inattendue à faire une partie d'échecs avec un grand-père venu de Buenos Aires qui s'ennuyait un peu, et ce fut un très beau moment! Quel plaisir de le voir s'animer et se mettre à me parler les yeux brillants de grands joueurs de sa génération, de sa ville et de sa chère Argentine.
Par ailleurs, nous allons désormais le mardi soir une semaine sur deux à un cours de tango avec les enfants.
Je suis très reconnaissante aux adultes présents pour leur bienveillance, parce que même si la salle est toute petite, nous n'avons jamais l'impression de déranger. Les enfants regardent, dessinent, ils s'imprègnent de la musique, de la danse… cela leur ouvre une petite porte sur le monde des adultes dans un monde où les enfants sont trop souvent cantonnés à leurs activités d'enfants, et je crois qu'ils l'apprécient.
Michael, quant à lui, a découvert ces derniers mois le padel et continue de jouer au foot régulièrement - deux activités qui sont l'occasion pour les hommes de se retrouver entre eux et qui lui font beaucoup de bien!

Préparer le retour
Dans trois semaines, nous rendrons les clefs de la maison, ce qui signifie que nous glissons peu à peu dans la période des préparatifs. Nous venons de mettre en vente la voiture et il nous faudra prochainement organiser le trajet en bus vers l'aéroport, l'hôtel pour les deux derniers jours, décider quelles affaires sont à donner ou à vendre, lesquelles rentreront avec nous en Suisse, trier les innombrables dessins des enfants… et évidemment faire les bagages!

Du point de vue émotionnel, nous sommes dans une période mi-figue mi-raisin, entre adieux et retrouvailles: bientôt, il faudra dire au revoir à des personnes qui nous ont accompagnés tout au long de cette année que nous ne reverrons pas de sitôt. Puis viendra le moment un peu triste de toutes les "dernières fois", et notamment le dernier jour d'école. Celui-ci coïncidera avec les vacances d'hiver, mais cela reste une transition importante, et qui dit transition importante dit enfants à fleur de peau. Nous allons devoir puiser dans notre réserve de patience, et le mieux sera sans doute de tous nous concentrer sur les bonnes raisons que nous avons de nous réjouir: nous allons retrouver famille et amis pas vus depuis un an, nous allons passer de l'hiver à l'été, et les enfants vont même retrouver des jouets dont ils avaient oublié l'existence.

Zurich est de plus en plus dans mon esprit, ne serait-ce que parce que nous venons de recevoir une lettre de l'école publique où Magali fera sa rentrée scolaire en août, avec une photo de la classe, l'emploi du temps, et plein d'informations qui nous donnent une idée un peu plus concrète de ce nouveau chapitre qui l'attend. Martin, quant à lui, fera en août pour la deuxième fois de l'année sa rentrée en première classe (CP). Il retournera à l'école en forêt où il allait, ce qui veut dire qu'il devra se réintégrer dans le groupe et s'adapter à être de nouveau dehors tout le temps.

Nous entrons donc dans une période de transition et nous essayons d'aborder cette nouvelle étape positivement, en menant les préparatifs parallèlement à nos activités habituelles. Nous voulons profiter jusqu'au bout!