L'évolution de nos habitudes alimentaires

Adapter nos habitudes alimentaires
Je pense que j'ai globalement une bonne capacité d'adaptation, mais il y a une partie de moi qui a un peu plus de mal que le reste à se confronter à l'inconnu… mes papilles sont beaucoup moins curieuses que mon esprit, et adopter de nouvelles saveurs me demande un effort! Déjà parce qu'il faut souvent goûter plusieurs fois avant d'apprécier, et ensuite parce qu'il faut réussir à digérer. Je ne parviens pas toujours à passer l'étape de "se forcer à goûter plusieurs fois à ce truc à la texture bizarre." Si en plus c'est très gras ou très sucré, savoir que c'est de toute façon mauvais pour la santé ne me motive pas à insister… Bien sûr, on n'a pas toujours le choix, et en Russie j'ai souvent dépassé les limites de mon estomac en terme de gras parce qu'il était absolument impossible d'échapper à l'omniprésente smetana (sorte de crème fraîche ajoutée un peu trop généreusement à mon goût à beaucoup de plats). Michael est beaucoup plus ouvert que moi de ce point de vue là, et ici il se délecte quotidiennement de maté et de dulce de leche.

Même si nous avons évidemment adapté nos habitudes alimentaires en venant en Uruguay, ce n'est pas un changement radical, car le cuisinier reste le même… je n'ose pas dire les cuisiniers, parce qu'il faut reconnaître que c'est quand même Michael qui se charge le plus souvent des repas. J'aime croire qu'il est plus doué que moi dans ce domaine!

Faire les courses différemment
Nos supermarchés s'appellent ici El Dorado et Tienda Inglesa, et pour les fruits et légumes, nous allons la plupart du temps chez le primeur ou au marché de Maldonado.
38_1_IMG_9210blog.jpg Les courges butternut sont parfois poilues…

En arrivant ici, nous avons complètement abandonné le bio (difficile à trouver) et arrêté de nous soucier de la provenance des produits que nous achetons, parce qu'elle est loin d'être toujours précisée. On pourrait éventuellement trouver quelques produits présentés comme biologiques en les achetant directement auprès des producteurs, mais il faudrait se déplacer en plein d'endroits différents, assez loin, et payer un prix élevé.
Nous mangeons un peu plus souvent de la viande, et Martin et Magali mangent un peu plus de sucre. Je résiste encore à l'achat de biscuits et autres goûters industriels à cause des conservateurs et autres ingrédients douteux, mais je fais plus souvent des cookies (recette ancestrale et familiale), et les invitations à des fêtes d'anniversaire sont source régulière de bonbons…
Nous mangeons plus d'œufs (il fut un temps où les enfants se faisaient un œuf sur le plat tous les matins), et nous les achetons au format habituel ici, c'est à dire par trente. 38_2_7CR01914blog.jpgLe lait, lui, est souvent vendu en sachets: il faut un récipient spécial pour les utiliser, sinon ça se renverse. Le plus fatigant avec ces sachets de lait, c'est qu'ils laissent des traces humides sur tout ce qui est à leur contact. Au supermarché, les hôtesses de caisse ont toujours du sopalin à portée de main parce qu'elles sont obligées d'essuyer la caisse à chaque fois que le client achète du lait… 38_3_7CR03145blog.jpg Les premiers mois, nous avons drastiquement réduit notre consommation de produits laitiers parce que nous nous sommes presque complètement passé de fromage et de yaourts nature alors que nous en consommions quotidiennement. Le fromage ne nous tentait pas et les yaourts nature des supermarchés "sabor natural" n'avaient pas un goût du tout naturel (en nous penchant sur la liste des ingrédients nous avons compris pourquoi).
Et puis… fin mars, il y a eu un festival du pain et du fromage. J'ai eu la joie de pouvoir y acheter quatre baguettes de pain 38_4_7CR01018blog.jpg ("Sophiiie! Tu as acheté toute la boulangerie?")
… et nous avons découvert que nous pouvions trouver aussi bien du bon fromage que de véritables yaourts nature. Il suffisait juste de savoir où!
Tous les vendredis, il y a un stand à côté de l'école qui vend fromages, yaourts nature (les pots en verre sont même réutilisés si on les rapporte), alfajores et dulce de leche. Le stand est au bord de la route, juste devant le champ où paissent les vaches. Nous sommes devenus des clients réguliers (même si question quantité nous sommes toujours très loin de notre consommation suisse d'autrefois).
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Adapter notre façon de cuisiner
Nous avons dû nous remettre à cuisiner de façon traditionnelle, sans l'aide de Madame Kenwood ou de Monsieur Magimix, et sans même une poêle assez bien foutue pour qu'on puisse l'attraper directement par le manche ou par le couvercle sans se brûler les mains. Qui est déjà venu chez nous sait que Michael a un faible pour l'électroménager, et nous avons à Zurich toute une collection de machines malgré une toute petite cuisine. Moulin à grain pour faire de la farine et des flocons d'avoine, deux Kenwood et un Magimix pour la préparation et la cuisson des plats, une crêpière, une machine pour faire du chocolat chaud mousseux (celle-ci était un cadeau pour moi - je suis sûre que Michael tient à le préciser), une machine à faire des pâtes… et aussi, plusieurs machines à café, une machine à torréfier le café (celle-là n'entrait plus dans la cuisine, alors comme elle est aussi esthétiquement très belle, elle orne notre salon), et bien sûr un lave-vaisselle. Aussi fou que cela puisse paraître, nous utilisions à Zurich la plupart de ces machines très régulièrement… elles sont très pratiques et parfois elles nous manquent (mais leur encombrement, lui, ne me manque pas du tout).
En venant ici, nous avons redécouvert la polyvalence des casseroles et des poêles, le passage au maté a résolu la question du café, et mes mains sont désormais notre nouveau lave-vaisselle.

La technologie ici est chère, elle est importée et difficile à trouver, nombreux sont les gens qui n'ont pas les moyens ou qui ne voient pas l'utilité de changer leurs habitudes. Une publicité pour liquide vaisselle a récemment attiré mon attention:
38_pub_cif.jpg"Lave 12 assiettes sans recharger l'éponge", "Dégraisse même dans l'eau froide"
Ça, c'est du progrès! Cette publicité est en tout cas parfaitement adaptée aux réalités uruguayennes. Et elle me parle, parce que ça fait des mois que je fais la vaisselle à l'eau froide, et j'ai même oublié ce que c'est de faire la vaisselle à l'eau chaude (nous n'avions pas l'eau chaude au robinet chez Magdalena parce qu'elle n'allumait pas le chauffe-eau, et dans notre maison actuelle, les plombs sautant sans cesse, nous avons coupé l'eau chaude - il n'y en a plus que dans une douche).