Histoires de lunettes, de canicule, d'orages… nous avons retraversé la pampa

Lunettes et tango ne font pas bon ménage
Pendant les cours de tango, je dois constamment enlever et remettre mes lunettes: j'en ai besoin pour voir ce que montrent les profs, mais pour danser, étant donné la proximité physique avec le partenaire, c'est beaucoup plus pratique sans. Or, quand la salle est grande, la danse ne se finit pas forcément à côté de la table où les lunettes sont restées posées. Je passe donc mon temps à les chercher et à marcher d'un coin à l'autre de la salle pour les récupérer.

Au dernier cours à Salta, la prof en portait elle aussi, et elle avait résolu le problème en accrochant ses lunettes à la ceinture de sa robe… j'ai trouvé l'idée excellente, et j'ai pensé que mettre les miennes dans la poche de ma jupe était une bonne alternative. J'avais oublié à quel point la monture était fragile! Quand j'ai voulu les remettre sur mon nez et que je me suis retrouvée avec seulement un bout de lunettes dans les mains, j'ai compris mon erreur. Une branche s'était déjà cassée il y a quelques mois et tenait avec de la colle et de l'adhésif. J'ai pensé que l'adhésif était parti et je me suis entêtée à le rechercher dans ma poche… jusqu'à ce que je réalise que c'était cette fois l'autre branche qui avait cassé!

Nous avons quitté le cours prématurément pour passer chez l'opticien avant la fermeture des magasins, car le lendemain était un dimanche et je ne pouvais pas m'imaginer voir flou toute une journée. Mais ici les opticiens ne recollent pas les lunettes! Nous nous sommes donc débrouillés avec la colle forte du supermarché. Ça ne tenait malheureusement pas très bien, alors j'ai dû me résoudre à changer de monture dès notre arrivée à Córdoba le mardi. Le choix a été difficile car la mode en Argentine semble être aux lunettes papillon larges à très larges, ce qui ne me convenait pas du tout! Après avoir écumé tous les opticiens du quartier, je me suis rabattue sur un modèle un peu plus rond qui ne m'a pas encore franchement convaincue. Les verres ont une légère teinte verte - j'ignore si c'est à cause du filtre anti-UV, car mes verres français étaient transparents. Je vois donc désormais la vie en… verdâtre!

En voiture, encore et toujours
27_1_carteSalta_SanAntoniodeAreco.jpg
27_2_7CR08588blog.jpgNous avons eu quelques jours de canicule (jusqu'à 43 degrés à l'ombre), et quand nous avons repris la route, notre voiture s'est de nouveau transformée en sauna. J'avais un peu peur qu'un pneu éclate car nous avons souvent vu des débris de pneus au bord des routes, et une fois il y en avait même un fraîchement éclaté qui gisait encore au milieu de la route…

Le jour où nous sommes allés de Salta à Villa del Totoral, la chaleur était vraiment insupportable et nous étions tous liquéfiés dans la voiture. Mais ce voyage nous apprend aussi à repousser nos limites. Et quand on a passé la journée à conduire, à boire de l'eau tiède et à transpirer, on apprécie en arrivant le soir des choses simples comme un verre d'eau froide et une douche.

Je suis très positivement étonnée à quel point les longues heures en voiture se passent bien avec les enfants (on ne serait sinon jamais allés si loin). On doit parfois supporter dix fois d'affilée la même chanson quand c'est eux qui jouent les DJs et je ne peux plus entendre ni "Disfruto" de Carla Morrison (Magali), ni les chansons d'Estopa (Martin). Ils aiment bien tous les deux jouer avec un vieux téléphone dont la batterie se décharge assez vite (ce qui est parfait pour limiter naturellement le temps d'écran…) Et sinon ils rêvassent, regardent le paysage, ou encore inventent ensemble des histoires.
27_3_IMG_1199blog.jpgIl faut parfois faire preuve de créativité pour éviter les moustiques (c'est pourquoi dormir en tente est souvent plus pratique et confortable que louer une chambre).

Quelques jours de repos
Córdoba a été pour nous un moment de pause: nous avons peu visité car il faisait très chaud et nous avions tous besoin de nous reposer. Michael a travaillé, et moi j'ai lu, passé du temps avec les enfants et fait des lessives… la présence d'une machine à laver est devenu un critère crucial dans notre choix quand nous louons un appartement! Notre partage des tâches n'est pas très moderne, mais on fait selon les préférences de chacun: à moi le linge, à Michael la cuisine - il s'installe près des casseroles avec l'ordinateur et excelle dans l'art de préparer à manger tout en travaillant…

Camping et orages
Nous avons retraversé la pampa dans l'autre sens, cette fois sans vomi et sans vent, mais toujours avec de la pluie et des orages dans la nuit. Je n'aime pas camper par temps humide, mais après avoir été dans des appartements, nous désirions tous être à nouveau dehors: les enfants ont plus d'espace pour jouer et bouger, et dans la nature, un rien suffit à épancher leur créativité. Et puis nous pouvions comme ça aller à notre rythme, sans être contraints de nous arrêter à un endroit déterminé à l'avance.

Nous sommes désormais rôdés pour planter les tentes (les monter, gonfler les matelas et sortir tout ce dont nous avons besoin pour la nuit nous prend maintenant à peine une demi-heure). A Almafuerte, nous avons passé une très belle fin d'après-midi au bord de la rivière: il y avait plein d'algues, mais on pouvait se laisser porter par le courant sur quelques dizaines de mètres tout en ayant pied, et j'ai adoré le faire encore et encore avec Magali.

S'il n'y a pas trop de vent, les tentes sont finalement assez étanches, donc cette fois nous sommes restés au sec. Les enfants parfois m'épatent: il y avait eu un bel orage et de grands coups de tonnerre une partie de la nuit, mais Magali avait dormi tellement profondément qu'elle n'avait rien entendu! "Ah bon, il y a eu de l'orage?"
Ici, les gens n'ont pas toujours de bonnes tentes, alors quand la pluie s'annonce, ils installent en général une grande bâche par-dessus. C'est un système qui a l'air de plutôt bien fonctionner.
27_4_7CR09114blog.jpgLa photo des tentes avec les éclairs étant ratée…
27_5_IMG_1295blog.jpg… je me suis consolée en admirant un crapaud! Nous en avons souvent rencontrés, ils aiment eux aussi les campings :-)

A San Antonio de Areco, l'orage a de nouveau grondé dans la nuit (on commence à s'y habituer…), et tout était détrempé le lendemain matin.27_6_7CR09161blog.jpgLes enfants se sont beaucoup amusés toute la journée, la boue étant vraiment source d'inspiration pour eux. Ils ont beaucoup joué avec la terre argileuse…27_7_7CR09225blog.jpg… fait de l'escalade…27_8_7CR09191blog.jpg… et passé quasiment toute la journée avec un petit garçon argentin de leur âge. Ils ont découvert avec lui que pour pêcher des poissons, on accroche des vers vivants au bout de la canne à pêche - Magali était choquée! 27_9_7CR09194blog.jpgProchaine et dernière étape avant de rentrer en Uruguay: Buenos Aires!

J'ai du retard dans mes récits car je n'avais ni le temps ni la possibilité d'utiliser l'ordinateur (nous le partageons en voyage), donc je rattrape petit à petit…