Des hauts, des bas… et failli rater l'avion!
Les derniers jours en Uruguay ont été une succession de hauts et de bas…
Nous avons eu une belle soirée de tango pendant que les enfants dormaient chez une copine… et une journée et nuit suivante particulièrement éprouvantes: Magali a fait une magnifique allergie aux chats de sa copine et est tombée malade. Elle n'a pas pu profiter de la petite fête d'adieux que quelques parents de sa classe avaient organisée, car elle avait mal à la tête, de la toux, de l'asthme… c'était dur de la voir dans cet état et j'étais à deux doigts de chercher où me rendre avec elle chez le médecin. À mon grand soulagement, elle a fini par aller mieux et nous n'avons finalement pas eu besoin de faire connaissance avec le système de santé uruguayen.
Les deux enfants ont reçu d'une de leurs maîtresses une tasse avec une photo de classe et le message "Tu vas nous manquer!!!" Martin a bien profité de sa fête de départ, mais eu quand même un petit moment de tristesse le soir. Heureusement, le lendemain il y avait encore la fête d'anniversaire de l'un de ses meilleurs copains. C'était sur le thème des Pokémon, les parents du copain n'avaient pas lésiné sur la décoration, et les enfants étaient tout contents de repartir avec une partie des guirlandes (elles ont adouci les adieux car c'était la dernière fois qu'ils voyaient leurs copains.)
Les enfants avaient des sentiments mitigés, que Magali a résumé comme ça: "J'aimerais ou bien rester en Uruguay et que mes amis de Suisse viennent ici, ou bien être en Suisse et que mes amis d'Uruguay viennent aussi."
Rendre la maison et déménager à l'hôtel
Faire les valises n'a pas été si compliqué - vous comprendrez un peu plus loin pourquoi. La remise des clefs, elle, a été un peu plus fastidieuse. Déjà parce que les filles de l'agence sont venues avec une bonne heure de retard. Mais aussi parce qu'elles n'avaient pas l'argent de la caution avec elles, donc il a fallu attendre qu'elles passent à la banque, puis quand enfin elles nous ont remis la caution, il s'est avéré qu'elles avaient généreusement arrondi le taux de change (il manquait presque cent dollars). Tout a fini par s'arranger, mais nous aurions aimé ne pas avoir ni à attendre longtemps, ni à réclamer. Il était déjà tard, et nous avons dû nous dépêcher pour rendre la voiture de location dans les temps.
Il y a une chose qui m'épate toujours avec les enfants, c'est leur capacité à s'approprier immédiatement un espace: à peine étions-nous arrivés à l'hôtel qu'ils ont commencé à décorer le ventilateur avec les guirlandes Pokémon. (Vous remarquerez l'enfant responsable qui tient la chaise par précaution :-) Bien sûr, nous n'avons pas mis le ventilateur en marche…)
Cette journée fatigante s'est quand même conclue de façon sympathique par une belle promenade à la plage… … et par un récital de piano qui avait lieu juste à côté de l'hôtel. Le public était un peu dissipé (une demi-douzaine de téléphones portables ont sonné et des gens se sont parfois levés en plein morceau pour aller aux toilettes) mais le pianiste jouait bien et ce concert nous a bien aidés à nous détendre.
Une surprise de taille avec les bagages
L'hôtel semblait sorti des années 1970, et les matelas comme les couvertures n'avaient pas l'air d'avoir été changés depuis. Mais il était situé juste à quelques pas de la gare routière, et vu la quantité de bagages que nous transportions, c'était de loin le plus important.
Et justement, en parlant de bagages… la veille du départ, Michael s'est rendu compte que nous n'avions pas cinq grands bagages comme prévu mais… six! La faute à un grand sac de sport pliable que nous n'avions pas utilisé à l'aller mais que nous avions rempli allègrement sans nous poser de questions tous ces derniers jours. Pas étonnant que tout rentrait sans problème! La journée a commencé par un grand fou rire nerveux, parce que quand même, ne pas avoir pensé à compter les bagages et ne pas s'être aperçus plus tôt que nous en avions un de trop… c'était tellement gros! Je me suis demandée comment nous pouvions avoir autant d'affaires, parce que pour ma part j'avais l'impression d'en avoir plutôt moins qu'à l'aller. Nous aurions pu nous mettre à rouvrir toutes les valises et essayer de supprimer 25 kilos, mais Michael et moi avons tous deux pressenti que ce serait compliqué. Notamment parce que nous n'avons pas du tout le même point de vue sur le sujet délicat des affaires indispensables à garder ou pas (celles de l'autre ayant toujours tendance à paraître moins nécessaires…), et nous ne voulions pas nous étriper la veille du grand voyage (il vaut mieux être en bons termes quand on s'apprête à passer de nombreuses heures côte-à-côte dans l'avion). Nous avons donc jugé préférable d'opter pour un bagage en soute supplémentaire… qu'il n'était malheureusement plus possible d'ajouter sur le site de la compagnie aérienne. Le rire a cédé place à la consternation… puis à la résignation… car ajouter un bagage à l'aéroport était la promesse d'une facture salée.
Comment nous avons failli rater l'avion
J'ai pris bon nombre de fois l'avion dans ma vie, j'ai eu des vols annulés, des bagages parfois "visités", un vol vers le Cambodge qui a fait une escale imprévue de 24h en Chine, un vol vers l'Ukraine à trois sur le même siège (Magali en tant qu'enfant de moins de deux ans sur mes genoux et Martin dans mon ventre)… mais manquer de rater l'avion, non, vraiment, ça ne m'était encore jamais arrivé! Le bus pour l'aéroport était direct et est parti avec une ponctualité à la minute près digne de la Suisse. Mais notre vol ayant été avancé de deux heures, nous n'avions plus que deux heures à l'aéroport avant le départ. Un peu juste pour un vol transatlantique quand le comptoir des bagages ferme une heure avant. L'optimisme naturel de Michael ("ça va aller, l'aéroport est petit!") s'est vite heurté à une série d'imprévus. Comme nous étions candides!! Nous sommes arrivés au comptoir à bagages avec nos passeports suisses et nos multiples valises… et avons été aussitôt renvoyés à l'office des migrations à l'étage en-dessous parce qu'étant inscrits comme résidents en Uruguay, il nous fallait un permis spécial pour pouvoir sortir du pays. Michael est descendu s'en occuper, et j'ai attendu avec les enfants et les bagages. Quinze minutes ont passé, puis trente… j'étais un peu surprise que ça prenne tant de temps, car lorsque nous avions passé la frontière avec l'Argentine, il y avait eu cette même formalité à faire, et ça s'était fait très rapidement.
La personne du comptoir à bagages a fini par montrer des signes d'impatience: "Il ne vous reste plus que quelques minutes pour envoyer les valises en soute, il faudrait vous dépêcher!" N'arrivant pas à joindre Michael au téléphone, j'ai fini par abandonner enfants et bagages et à courir lui porter la nouvelle à l'office des migrations… je vous laisse imaginer notre état de stress!
Si nous avons pu prendre l'avion, c'est bien grâce à plusieurs personnes qui ont tout fait pour qu'on puisse partir. Grand merci à la personne de l'office des migrations. Ok, elle a mis 45 minutes à sortir trois papiers et il en manquait un à la fin, mais c'était une faveur, car nous aurions dû paraît-il nous en occuper à l'avance. Elle était d'une lenteur incroyable et plutôt fermée, mais comme notre billet d'avion était entre ses mains, nous avons fait profil bas et attendu le plus patiemment et le plus poliment possible (même si nous bouillonnions intérieurement).
Grand merci également à la dame du comptoir à bagages, qui a fait une exception pour nous permettre de faire l'enregistrement moins d'une heure avant le départ et qui s'est occupée d'envoyer nos valises en soute avec les enfants pendant que Michael et moi étions coincés à l'office des migrations pour signer une autorisation de sortie du territoire de mineur. (en relisant ma phrase, je m'aperçois qu'elle porte à confusion: les enfants ont aidé à porter les valises, mais ils n'ont bien sûr pas été envoyés en soute avec!). Il a fallu encore payer le bagage supplémentaire (on relativise le prix quand on vient presque de perdre quatre billets d'avion transatlantique), puis nous hâter vers le contrôle des bagages à main.
Nous avons pu respirer un peu… mais pas très longtemps! Au service d'immigration, nous avons de nouveau été coincés, car la collègue de l'office des migrations chez qui nous étions juste avant avait oublié un papier! Cette fois pour Martin, qui avait besoin d'un autre type d'autorisation n'ayant pas eu de permis de séjour et étant resté plus de 90 jours dans le pays. De nouveau, un quart d'heure d'attente, et la présence bientôt à nos côtés d'une personne de la compagnie aérienne venue voir où nous en étions, qui informait ses collègues en temps réel par talkie-walkie. Grand merci à elle aussi, qui nous a escortés à grands pas jusqu'à la porte d'embarquement quand, dix minutes avant l'heure de départ prévue de l'avion, nous avons enfin reçu le dernier sésame. Nous avons couru jusqu'à l'avion, essoufflés et penauds, n'osant pas encore y croire tant que nous n'aurions pas les pieds dans l'avion. Le chef de bord nous a accueillis avec un grand sourire et a fait semblant de nous fermer la porte au nez pour nous faire une blague. Il a eu ensuite un geste très gentil que nous avons beaucoup apprécié: il a tendu à Magali une grande bouteille d'eau: "Pour que tu la partages avec tes parents!"
Le vol n'était plus qu'un détail après tout ça - nous étions tellement soulagés! Nous n'avons pas réussi à dormir, les enfants ont regardé beaucoup de films et le vol Madrid-Zurich a eu deux heures de retard, mais nous sommes désormais de retour!