Le permis de séjour, acte 3: un entretien très amusant!
La semaine dernière, nous sommes allés à l'office des migrations de Piriapolis pour la fameuse audiencia de Michael, l'une des dernières étapes avant d'obtenir son permis de séjour uruguayen. Il semblerait qu'on avance vers la sortie du labyrinthe administratif…
Un entretien dans le couloir
L'office des migrations de Piriapolis nous a accueillis la porte grande ouverte (j'ignore si c'était à cause de la chaleur ou pour montrer que le bureau était ouvert). Nous sommes entrés dans un couloir qui ressemblait à une salle d'attente: deux chaises sur le côté, une petite table qui empêchait d'avancer plus loin.
J'ignorais à ce moment-là que l'entretien aurait lieu ici-même, je pensais naïvement que les deux chaises étaient là pour attendre, et que pour l'entretien nous serions invités à entrer dans un bureau. Même si nous étions en avance, nous avons été accueillis tout de suite par une femme très sympathique, qui nous a invités à nous asseoir près de la petite table. La femme n'avait elle-même pas de chaise, mais de toute façon elle restait rarement plus de quelques minutes d'affilée en face de nous. Une collègue qui s'occupait aussi de notre dossier devait être assise en face d'un ordinateur dans le bureau attenant, et notre interlocutrice disparaissait régulièrement derrière le rideau en plastique séparant le couloir du bureau pour la prendre à partie ou faire des allers-retours avec les documents.
Le maté s'est fait remarquer
Depuis que nous sommes en Uruguay, Michael boit du maté pour remplacer le café. Pour montrer comme il s'est déjà bien adapté aux coutumes locales, il avait bien sûr amené son thermos et son maté. Quand il les a posés sur la petite table, la femme s'est exclamée, admirative: "Oh, vous buvez du maté! C'est rare les étrangers qui boivent du maté! Depuis combien de temps êtes-vous en Uruguay?… Seulement trois mois et vous buvez déjà du maté?!"
>bruit de rideau<, à sa collègue, admirative: "Il boit du maté!"
>re-bruit de rideau<, à Michael, avec un intérêt sincère: "Quelle marque de maté vous achetez? Est-ce que c'est du maté de l'Uruguay?"
Michael lui a fait remarquer qu'à sa connaissance, la yerba maté ne poussait pas en Uruguay et était importée des pays voisins… il ignorait si la marque qu'il achetait était uruguayenne.
L'entretien a t-il vraiment commencé?
La femme nous a demandé de sortir tous les originaux des documents que nous avions dû scanner pour constituer le dossier en ligne. Honnêtement, vu l'étroitesse de la table et la tendance de la calebasse de maté à se renverser facilement, j'avais un peu peur que le maté ne se renverse sur nos chers et précieux documents. La valse des allers-retours entre le couloir et le bureau attenant a alors commencé, entrecoupée de remarques absolument sans rapport avec notre demande de permis de séjour, si bien qu'on s'est à un moment demandé si l'entretien allait encore commencer ou s'il se résumait à venir déposer les papiers.
Tout à coup, grande exclamation, le regard dirigé vers la porte grande ouverte derrière nous: "Regardez! Les petits sont de sortie!"
>bruit de rideau<, à sa collègue: "Les petits sont de sortie!"
On se retourne, et on aperçoit deux petits oiseaux qui se promènent sur la pelouse en face de l'office des migrations.
>re-bruit de rideau<, à nous: "Ce sont des bébés tero, un oiseau typique de l'Uruguay. Ils ont 21 jours! Au début ils étaient quatre, mais malheureusement… il n'en reste plus que deux… vous saviez que le tero a donné son nom à notre équipe nationale de rugby, Los Teros?"
Je comprends l'air attendri de notre interlocutrice. Elle est quand même collaboratrice de l'office des migrations, alors un oiseau patriotique… d'ailleurs, le tero est-il un oiseau migrateur?
(c'est pas évident de prendre des oiseaux en photo sans téléobjectif…)
Une seule vraie question: pourquoi l'Uruguay?
Les papiers continuaient à circuler entre le couloir et le bureau, et nous nous demandions à quoi ressemblait cette mystérieuse collègue qui ne s'était pas encore présentée. Cette fois, c'est sur nous que notre interlocutrice a posé un air presque attendri (le charme du maté): "Et alors, pourquoi l'Uruguay?"
Cette question, nous l'avons déjà entendue un certain nombre de fois, donc si c'était la seule vraie question de l'entretien, le moins qu'on puisse dire c'est que nous n'étions pas pris par surprise! Michael s'est extasié sur la nature à perte de vue, la tranquilité et la gentillesse des gens.
Ce fut la seule vraie question de l'entretien, la conversation ayant ensuite tourné autour d'aspects purement pratiques (conseils pour obtenir un rendez-vous à Montevideo pour moi et Magali, commentaires sur les documents). La collègue a fini par passer furtivement la tête dans le couloir au milieu de l'entretien, elle semblait pour sa part plus concentrée sur les documents à vérifier que sur les oiseaux.
Pour finir, signer deux documents
Il manquait la mention d'une adresse sur un papier (les medios de vida à 4000 pesos de la notaire…) Michael a donc dû s'engager à faire parvenir prochainement le document complété. Et signer également une déclaration sur l'honneur comme quoi les documents et informations communiquées sont dignes de foi.
Il avait à peine sorti son stylo-plume, que notre interlocutrice s'est exclamée: "Oh, vous écrivez avec un stylo-plume? Forcément, vous êtes de Suisse… C'est un Parker? J'en avais un comme ça dans ma jeunesse! Vous permettez que je vous l'emprunte pour le montrer à ma collègue? Plus personne n'écrit avec des stylos comme ça aujourd'hui, elle ne doit pas connaître!"
Michael lui a tendu le stylo et elle s'est empressée de disparaître dans le bureau avec.
Comme ça durait un peu, je suis sortie faire quelques photos des teros et j'ai laissé Michael régler les détails de fin d'entretien: le dossier va désormais être transmis à Montevideo où il sera de nouveau examiné. Quand il sera validé, Michael recevra sa cédula définitive, en attendant, il doit prendre rendez-vous dans un Antel (service de télécoms) pour recevoir une cédula temporaire (qui devrait coûter environ 500 pesos).
Nous sommes sortis ravis, cette audiencia était vraiment très amusante! Rassembler les documents et constituer le dossier en ligne n'ayant pas été particulièrement une partie de plaisir, c'était une bonne surprise! :-)