Communiquer: comprendre et se faire comprendre
Apprendre une langue en immersion
C'est un processus fascinant: au début, on comprend très peu, seulement un mot par-ci par-là… puis à force d'être exposé à la langue, des connexions se créent, on fait des rapprochements, des déductions… le cerveau enregistre les mots et les phrases qui reviennent régulièrement, on se met à comprendre de plus en plus… et un jour, miracle! on parvient à associer des mots et enfin on arrive un peu à s'exprimer!
Ce miracle - passer de la compréhension passive à l'utilisation active des mots - m'est enfin arrivé il y a une semaine. J'étais restée prendre le thé chez une autre maman de l'école qui avait invité Magali à jouer avec sa fille. Elle me parlait en espagnol et je comprenais à peu près ce qu'elle me disait… mais comme c'était frustrant de ne pas pouvoir répondre! J'avais vraiment envie de la connaître. Au début, les mots ne venaient pas dans la bonne langue, mais petit à petit, en me concentrant, j'ai pu extraire des mots de ma mémoire, les mettre ensemble et… me faire comprendre! C'était un chaos grammatical absolu, et je sens qu'il faudrait me mettre sérieusement à apprendre les verbes, mais nous avons malgré tout réussi à parler de plein de choses pendant une heure… ma première vraie conversation!
Magali commence elle aussi à associer des mots. Elle m’a raconté que quand elle oublie sa gomme, elle dit «¿prestas goma?» parce qu’elle a remarqué que les autres enfants disent "prestas" + la couleur quand ils veulent lui emprunter un crayon de couleur. Et "goma" était un mot facile à retenir puisque c'est presque comme "gomme" en français.
Nous les adultes, n'avons pas la chance d'être immergés autant dans l'espagnol, mais nous saisissons chaque occasion de voir du monde et il y en a très régulièrement. Les autres parents sont très ouverts et proposent souvent des rencontres informelles à la plage ou au parc. Avoir des enfants à l'école facilite définitivement les contacts…
Les enfants apprennent l'anglais et l'espagnol en même temps??
Les enfants sont exposés à l'espagnol et à l'anglais plusieurs heures par jour à l'école. Les multiples situations auxquelles ils sont confrontés leur permettent d'apprendre dans le contexte. Ils reviennent régulièrement tout fiers d'avoir compris de nouveaux mots: «Maman, à la cantine, quand on nous demande "un poquito más", ça veut dire "un peu plus"!"» Une autre fois, Martin était tout content dans la voiture de nous traduire que le gps (qui parle anglais) venait de dire « dans 200 mètres, tourner à gauche! »
J'avais imaginé qu'être confrontés à deux langues nouvelles en même temps serait très difficile et que les enfants risquaient de mélanger les deux langues. Je suis donc assez étonnée de constater que non seulement ils font très bien la différence entre les deux, mais qu'ils arrivent aussi très bien à les apprendre en parallèle… la courbe d'apprentissage est simplement un peu plus lente. Savoir parler allemand et français est clairement un atout: les racines communes aident beaucoup à la compréhension. L'allemand aide souvent pour l'anglais, et le français pour l'espagnol.
Communiquer et jouer quand on ne peut pas encore parler
Les enfants utilisent beaucoup plus leur langage corporel depuis qu'on est ici: mimiques, gestes, sont le moyen le plus simple de se faire comprendre quand on ne peut pas encore parler. La première fois que nous avons invité une copine de Magali à la maison, elles ont joué tout l'après-midi… en silence! Elles ont fait des mots-mêlés, dessiné, joué aux legos, construit un château de sable… sans échanger un seul mot! C'était très étrange, trois enfants absolument silencieux pendant plusieurs heures. On n'a vraiment pas l'habitude! Une autre fois, nous avons invité un petit copain, et les enfants ont passé leur temps à rigoler et à faire les pitres. Vraiment, pas besoin de savoir parler pour rigoler ensemble…