Colonia del Sacramento (une fin de semaine humide et quelques surprises)

Colonia del Sacramento est une petite ville réputée pour avoir beaucoup de cachet avec ses pavés et ses maisons coloniales. Fondée par les Portuguais, cette ville a connu une histoire mouvementée, passant à maintes reprises sous contrôle espagnol ou portuguais au gré des traités signés entre les différents pays. Elle est située en face de Buenos Aires: il suffit en une heure de ferry de traverser le Río de la Plata qui marque la frontière entre l'Argentine et l'Uruguay. Ce n'est évidemment pas une ambiance typiquement uruguayenne et c'est touristique, mais c'est beau. Les parents de Michael avaient visité la ville quand ils étaient venus nous voir en mars, et y étant restés un jour de moins que prévu, ils avaient encore une nuit d'hôtel à utiliser.
Nous n'étions pas très emballés à l'idée de faire tant de route (la ville étant située à cinq heures en voiture de chez nous), mais nous avions aussi une dernière (nous espérons toujours que ce soit la dernière!) démarche administrative à faire à Montevideo, qui se trouve justement sur le chemin. Et quitte à faire de la route, autant que ce ne soit pas que pour de la paperasse.

Rater un jour d'école
Ici, c'est très facile de rater un jour d'école. Étant dans une école privée, le client est roi… et de toute façon, même à l'école publique, un jour trop pluvieux ou un jour de grosse chaleur, il n'est pas anormal qu'il n'y ait pas école ou que les parents gardent leurs enfants à la maison. Je me souviens de ma surprise un jour de grosse chaleur, en lisant dans le groupe What's App de l'école que plusieurs mamans proposaient d'aller à la plage dans l'après-midi avec les enfants. Elles ne les avaient pas envoyés à l'école à cause de la chaleur. Bref, ici, pas besoin d'inventer un prétexte "acceptable" ni de faire une demande écrite auprès de l'école pour s'absenter… il suffit juste de prévenir les professeurs la veille.
Apprenant que nos enfants ne seraient pas là, l'une des maîtresses s'est exclamée: "Comme c'est bien que vous soyez absents ce vendredi!" J'étais un peu surprise, car ça sortait tout droit du cœur, et je ne pensais pas que la maîtresse montrerait un tel enthousiasme à ce que mes enfants ratent l'école une journée. Devant mon air interrogatif, elle s'est expliquée: "Parce que vendredi prochain, il y a atelier cuisine! Donc c'est super que les enfants soient absents ce vendredi et pas le vendredi qui vient!"
Dans ces conditions, pas besoin d'avoir mauvaise conscience!

L'arrivée à Colonia
Nous avons roulé jusqu'à Montevideo… puis attendu au service des migrations… puis de nouveau roulé… et après une journée passionnante, nous sommes arrivés vers 16h à Colonia del Sacramento. Nous avons été accueillis par une pluie battante, et comme nous avions seulement des cirés mais ni pantalons de pluie, ni parapluies, ni chaussures adéquates (les bottes étaient trop encombrantes pour qu'on les apporte de Suisse), une petite sortie d'une demi-heure a suffi à nous tremper.
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La nuit tombe tôt en ce moment, et quand nous sommes sortis manger, nous avons dû nous éclairer à la lampe de poche parce que ce n'étaient plus des flaques, mais des petits ruisseaux qui coulaient sur les pavés. Toute concentrée sur mes pieds, je n'ai même pas pensé à regarder s'il faisait si noir par manque d'éclairage public ou si c'était simplement une panne due à la pluie. Au moins, le repas était bon :-)

Après avoir passé tant de nuits dans des campings, et parce qu'à la maison nous dormons toujours dans nos sacs de couchage (car il n'y a ni couvertures, ni linge de lit), le séjour à l'hôtel nous a paru luxueux. Comme c'était agréable de dormir dans un grand lit confortable avec une vraie couette! Et comme il faisait bon dans la chambre! Parce qu'à la maison, nous devons nous chauffer avec le poêle, et comme nous n'avons pas l'habitude, le rapport effort/chaleur n'est pas encore très bon…

Une visite courte et humide
Après une nuit de pluie et d'orage, nous étions un peu dépités de voir que non seulement les chaussures et les cirés n'avaient pas séché, mais que le temps n'avait pas l'air prêt à s'améliorer. Michael s'obstinait à contempler l'application météo de son téléphone qui indiquait seulement quelques nuages… mais le bruit de l'eau qui battait les fenêtres était sans équivoque. Les enfants avaient faim, alors nous les avons envoyés en éclaireurs à la salle du petit-déjeuner. Il sont revenus tout excités: "Papa, maman, il y a un buffet!"
Comme personne n'était pressé de sortir, nous avons bien savouré le petit déjeuner… la visite de la ville, elle, a été courte et humide, et vous ne verrez pas grand-chose de Colonia à part de l'eau et des pavés.
36_3_7CR02370blog.jpgRegarder mes pieds pour éviter les flaques les plus profondes… et relever la tête pour admirer les palmiers annoncés par la flaque
36_2_7CR02361blog.jpg Trouver de la beauté dans ce petit arbre aux pétales fraîchement tombés
36_bis_7CR02372blog.jpg Puis m'apercevoir que Michael et les enfants avaient disparu (déjà, en tant normal, ils peinent à m'attendre si je m'attarde à faire des photos, alors sous la pluie!…) et hésiter à déranger ces personnes très occupées pour leur demander si elles les auraient vus (vous remarquerez le maté sur le toit de la voiture)
36_4_7CR02389blog.jpg Oh, les voilà! Un grand bonhomme noir et jaune, et deux petits bonshommes verts (non, le pantalon de Michael n'est pas naturellement bicolore… c'est un peu comme le bronzage cycliste mais version pluie)
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36_7CR02344blog.jpgSincèrement, faire tant de route pour déambuler à peine une heure sur les jolis pavés de Colonia n'en valait pas vraiment la peine…
Comme personne n'était motivé, ni pour le musée du crayon, ni pour celui des origamis, nous sommes repartis. Malgré une tentative de séchage au sèche-cheveux, mes chaussures étaient plus que trempées, alors j'ai conduit en chaussettes, et j'ai eu une pensée émue pour le village de Nueva Helvecia en voyant son nom apparaître flou sur un panneau, entre les battements à puissance maximale de l'essuie-glace: les deux fois où nous serons passés dans le département de Colonia, il aura plu des trombes d'eau.

Montevideo
Nous étions pour la soirée et la nuit du samedi à Montevideo. La sœur de Michael nous avait donné le contact d'un couple d'amis argentins chez qui nous étions invités à 17h pour boire un maté. Le courant passant bien, le maté s'est transformé en apéritif, puis nous avons fini par commander le dîner. 75 sushis plus tard, nous étions prêts à aller dormir, et il était presque 23h quand nous sommes rentrés à l'hôtel… c'était une excellente soirée, qui a bien rattrapé notre déconvenue avec la pluie.

Le dimanche, nous avons croisé à chaque coin de rue des personnes qui marchaient avec un bouquet de fleurs à la main. Mais oui! La fête des mères! Elle aurait dû être la semaine d'avant, mais en raison des élections législatives, elle avait été reportée d'une semaine. Nous avons eu le plaisir de constater que les prévisions météo s'étaient cette fois trompées dans le bon sens, et c'est presque sous le soleil que nous avons pu nous promener sur le marché de Montevideo, manger en terrasse dans un bon restaurant, et finir sur une plage déserte à seulement 30 minutes du centre-ville.
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Quelques surprises à l'arrivée
Quand nous sommes rentrés à la maison, la première chose que nous avons remarqué, c'est que les plombs avaient sauté… ça avait dû arriver le vendredi, et comme il n'y avait personne pour les remettre, le frigo et le congélateur étaient restés sans électricité tout le week-end. Autant dire que le lait avait tourné!
Puis la bouteille de gaz alimentant la gazinière nous a laissés tomber avant que la soupe n'ait fini de cuire (pffuit, quand il n'y a plus de gaz, ça ne prévient pas!). Mais quand il y a un problème, il y a toujours des solutions (plus ou moins créatives), alors nous avons sorti notre joker: la plaque électrique de camping. Nous nous serions volontiers réchauffés en allant danser le tango comme tous les dimanches soirs, mais la pratique a été annulée au dernier moment, alors c'est dans nos sacs de couchage, sous les moustiquaires, avec une bouillotte et un bon livre, que ce superbe week-end s'est terminé!