S'occuper de deux chiens quand on n'y connaît rien

Magdalena partant pour un événement familial à 20000 kilomètres d’ici (oui, elle pouvait difficilement faire plus loin!), j’avais proposé de garder ses deux chiens une partie du séjour pour ne pas qu’ils restent tout seuls pendant trois semaines.

Les protagonistes
34_1_7CR01374blog.jpg Roni
34_2_7CR01361blog.jpg Chiquitita
Ce sont deux "perros de campo", deux chiens habitués à être tout le temps dehors et dont l'éducation canine se limite à savoir que leur place est dans le jardin, pas dans la maison. "Assis!", "couché!", tout ça… ils ne connaissent pas.
Roni, le plus âgé, n’avait pas quitté sa campagne depuis longtemps, et il a été rapidement clair qu’il se demandait pourquoi avoir troqué son vaste territoire contre un grand jardin bien clôturé. Les vacances avec hamac et piscine, c’est bon pour les humains, pas pour les chiens! La jeune Chiquitita, qui était encore à la rue il y a deux mois, semblait moins bouleversée par le changement - là où Roni est, Chiquitita reste (enfin, à peu près…)

Leur installation chez nous
La parilla, ou barbecue, est un élément central de toute maison uruguayenne. Nous avons reconverti le nôtre en petit coin douillet pour Roni et Chiquitita avec les coussins défoncés que leur maîtresse avait apportés (et dont ils ont parachevé chez nous l'éventrage, cf. photo ci-dessous).
34_3_7CR01943blog.jpg L'arrivée des chiens a suscité l’émoi de la communauté canine du voisinage, et leur aventure chez nous a donc commencé par un concert d’aboiements! Comme j’avais peur qu'ils ne s’enfuient, j’ai flanqué chacun d’entre eux d’une étiquette avec mon numéro de téléphone dessus (de celles qu’on utilise pour marquer les affaires des enfants pour l’école…), puis j'ai entrepris de faire les présentations avec les deux chiens du voisin qui se baladent en liberté et profitent d'habitude dès que notre portail est ouvert pour se glisser dans notre jardin. Ils ont accepté sans trop protester que cette partie de leur territoire leur soit momentanément fermée et après s'être tous les quatre abondamment reniflés à travers le grillage, les chiens ont semblé si ce n’est sympathiser, au moins se tolérer. Ouf!

Un début difficile
Mon expérience avec les animaux est assez limitée: je n’ai pu convaincre mes parents que pour des souris à l’adolescence, et même si nous avons parfois gardé les lapins ou les hamsters des voisins, c’était la première fois que j’avais la responsabilité de deux chiens. Magdalena partie, je me suis retrouvée avec un Roni stressé qui me montrait notre voiture garée et le portail dans une succession d'allers-retours inquiets. Chiquitita étant si mince, elle passait sous ce même portail, nous obligeant à la récupérer à chaque fois sur le chemin devant la maison… autant dire que j'étais un peu désemparée et que je me demandais dans quelle galère je m’étais fourrée!

La première nuit fut… compliquée! J'avais essayé de rassurer Roni par une longue séance de caresses qui avait paru sur le moment lui faire un peu d’effet, mais il continuait malgré tout à être irrésistiblement attiré par le portail et Chiquitita à passer en-dessous. Ne pouvant pas continuellement les surveiller, je me suis résolue à contrecœur à les attacher au moment d’aller me coucher. Malgré ça, je n'ai pas pu m'empêcher de passer la nuit aux aguets et de rêver de chiens échappés, prenant mille risques sur la route pour retrouver leur campagne ou - scénario alternatif - partis se bagarrer avec des chiens du voisinage et me revenant tout penauds, boitillants et ensanglantés… C’était mal les connaître, car quand je me suis empressée d’aller les voir le lendemain matin, ils m’attendaient tout sagement, Roni toujours docilement attaché, et Chiquitita en toute liberté à ses côtés (la chipie s’était débarrassée de son harnais). Ils m’ont accueillie avec grandes démonstrations de joie, j'ai détaché définitivement Roni, et je me suis installée avec l'ordinateur dans le jardin pour leur tenir compagnie. Quand j'ai vu qu'ils ne s'éloignaient que pour mieux revenir, j'ai été rassurée pour de bon!

Une cohabitation finalement plutôt facile (l'affection et la fidélité des chiens n'est pas un mythe)
Les chiens sont restés chez nous un peu plus de deux semaines (avec au milieu une semaine seuls à la campagne aux soins d'une voisine pendant que nous étions en vacances). J'ai été étonnée qu'ils nous accordent si vite leur confiance et leur affection. Ils recherchaient beaucoup notre compagnie, faisant la sieste près de nous quand nous mangions dehors, nous jetant à toute heure des regards énamourés (pas seulement pour le contenu de notre assiette, aussi pour nous), et se montrant avides de caresses. Ils semblaient heureux de la moindre attention! J'étais moyennement à l'aise avec l'aspect "humide" des démonstrations d'affection canine - ils étaient généreux en léchouilles - mais j'ai fini par plus ou moins m'y habituer. Les enfants ont beaucoup joué avec eux, qu'il s'agisse de courir avec Roni autour de la maison ou de tenir Chiquitita longuement dans les bras (elle adorait que Magali la porte).

Nous avons bien sûr connu aussi quelques petits tracas: Chiquitita a une fois traversé la grande route pour nous suivre, une autre fois elle a boité toute une journée, et Roni a parfois profité du portail entrouvert pour s'échapper et partir simuler un combat avec le chien d'un des voisins. Michael a failli perdre son maillot de bain, sauvé in extremis d'un déchiquetage en bonne et due forme alors qu'il était tombé de la corde à linge. Certaines plantes ont un peu souffert de la curiosité canine, il y a eu de temps en temps un pied atterrissant malencontreusement dans un caca, et les pulls tricotés n'ont pas toujours apprécié le contact avec les griffes des chiens.

Mais malgré ces petits détails, ce fut vraiment une belle expérience! Il y a eu beaucoup de moments de bonheur partagé, et même Michael (qui avait vu l'initiative d'un œil un peu sceptique) s'est laissé attendrir.

Et maintenant, ils nous manquent!
Magdalena est venue chercher Roni et Chiquitita cette semaine. Elle avait apporté pour nous remercier une quantité exagérée de friandises exotiques qui ont pris avec elle quatre avions et deux bus pour venir de Séoul jusqu'ici…
34_4_7CR01974blog.jpgNous avons passé une excellente soirée, plongeant grâce à ses récits dans une culture que nous ne connaissions pas du tout.

Même si je n'étais pas mécontente de lui rendre la responsabilité, je dois reconnaître que c'est un peu étrange qu'il n'y ait plus les chiens dans notre jardin! On s'était bien habitués à leur présence et ils nous manquent…