Buenos Aires: culture, tango, et un petit air de Paris

Conduire à Buenos Aires… demande des nerfs solides et de l'expérience!
Nous étions certains que l'entrée en voiture à Buenos Aires serait sportive, et c'est donc le plus expérimenté d'entre nous - Michael - qui s'est dévoué pour conduire. Le périphérique à cinq ou six voies nous a confirmé que certains Argentins sont vraiment des fous du volant. Nous en avons vus qui n'hésitaient pas à slalomer à 120km/h entre les différentes voies pour gagner quelques secondes, doublant par la droite, "poussant" les voitures trop lentes à leur goût, profitant du plus petit interstice entre les véhicules pour s'y glisser voire doubler en diagonale en utilisant trois voies d'un coup…
Notre niveau de stress - qui était déjà haut - a fait encore un bond quand j'ai lamentablement failli dans mon rôle de copilote, nous faisant emprunter un tronçon spécial réservé aux camions et interdit aux voitures. Une fois au centre-ville, nous avons évidemment fait la grave erreur de ne pas anticiper une bifurcation à droite sur une route à trois voies… et nous avons fini dans les embouteillages. Nous étions soulagés d'arriver et nous nous sommes promis de ne plus bouger la voiture jusqu'au départ.

Un petit air de Paris
Le hasard du choix des Airbnb nous a fait atterrir avenue de l'Uruguay, juste à l'angle de l'avenue Corrientes. Un quartier très animé et plein de cafés, de théâtres, de librairies, de magasins vendant des disques vinyles…
28_1_avCorrientes_7CR09506blog.jpgAvenue Corrientes

Nous nous sommes beaucoup promenés à pied, et par endroits, j'avais vraiment l'impression d'être à Paris. Et cela, pas seulement à cause de l'odeur des pots d'échappement, mais à cause de tout un ensemble d'éléments familiers: l'offre culturelle, l'architecture de certains bâtiments, l'atmosphère de certains cafés, le style de certains panneaux publicitaires, l'animation des trottoirs, les grilles des parcs, les petites rues pavées, les artistes de rue… et même les manifestations sur la place du Congrès qui me rappelaient celles de la place de la République.
28_2_architecture_7CR09623blog.jpgArchitecture
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28_4_cafetortoni_7CR09662blog.jpgAu café Tortoni
28_5_parc_7CR09831blog.jpgLes grilles des parcs et les panneaux d'affichage dont la couleur et le style m'ont rappelé Paris
28_6_montmartre_san-telmo7CR09750blog.jpgCe n'est pas Montmartre mais San Telmo
28_7_chatnoir_7CR100024blog.jpgIl y a même le chat noir…
28_8_Messi_7CR00040blog.jpg… et le foot, qui est ici aussi un sport national…
28_9_manif_7CR00119blog.jpg… à moins que ce soient les manifestations?

Les similitudes avec Paris m'ont permis de me sentir immédiatement à l'aise. Bien sûr, comme dans toute grande ville, il faut faire attention à soi et à ses affaires, et j'ai par précaution utilisé un sac de courses pour transporter mon appareil photo plutôt qu'un sac à dos. Mais globalement, je m'y suis sentie assez sûre - évidemment, c'est aussi une question d'habitude: en ayant grandi à Creil et vécu dans plusieurs grandes villes, être attentive à ce qui se passe autour de moi est presque une seconde nature. Pour Michael, qui a grandi à la campagne en Appenzell, c'est quelque chose qui demande plus d'efforts.
Si Buenos Aires a été une agréable surprise, c'est probablement avant tout parce qu'après avoir vu beaucoup de nature et de beaux paysages, nous étions très contents de retrouver une certaine vie culturelle!

Des livres!
J'ai beaucoup aimé flâner dans la librairie El Ateneo, dont le cadre est tout simplement magnifique. 28_10_librairie_7CR09454blog.jpg J'y étais avant tout pour le plaisir de feuilleter et sentir les livres car mon espagnol reste trop rudimentaire pour pouvoir en lire sans devoir chercher constamment dans le dictionnaire.
Avec Magali et Martin, j'ai passé un moment à la bibliothèque Ricardo Güiraldes, qui comptait une étagère de livres pour enfants presque aussi anciens que le bâtiment lui-même. Ses rayonnages jusqu'au plafond nous ont accueillis un matin que Michael travaillait, et nous avons lu ensemble un livre pour enfants délicieusement vieillot nous expliquant tout sur l'électricité.28_11_livre_IMG_1370.jpg
Des musées!
Les enfants ont beaucoup aimé le musée technologique "prohibido no tocar". On n'arrivait plus à en sortir! 28_12_notocar_7CR09448blog.jpg
Au musée d'art, une jeune lycéenne en programme d'échange est venue vers nous, toute émue d'entendre parler le suisse-allemand - elle passait son année d'échange près de Mendoza et n'avait pas entendu le dialecte depuis des mois.28_13_7CR09405blog.jpgBianca de Gustave Frédéric Michel - la finesse des traits m'a beaucoup impressionnée
28_14_7CR09404blog.jpgUne délicate danseuse d'Edgar Degas
28_15_7CR09412blog.jpgConstructivisme de Joaquín Torres-García - je ne m'attendais pas à me retrouver en URSS!
28_16_statue_7CR09388blog.jpgOn dirait que Neptune prépare un mauvais coup…

Après une heure à déambuler dans le musée, Martin a activé le mode grognon et a trouvé sur chaque tableau quelque chose qui ne lui plaisait pas. "J'aime pas le ciel!" "J'aime pas les couleurs!" "J'aime pas que les personnes me regardent!""J'aime pas parce qu'on voit les fesses!"… regarder les oeuvres d'art et chercher dessus quelque chose qui ne lui plaisait pas est finalement devenu un jeu!

Au musée d'art moderne, il y avait une installation assez originale qui a bien plu aux enfants… pour ma part, ça m'a plutôt évoqué des souvenirs d'accouchement! 28_17_artmoderne_7CR00032blog.jpg
Une belle surprise au Teatro Colón
Nous voulions assister au concert des «100 años del orchesta estable», mais malheureusement il n’y avait plus de places disponibles. Et pas d'autre concert de prévu pendant les dix jours où nous étions à Buenos Aires. Nous avons décidé de tenter notre chance quand même: à Saint Pétersbourg, il y avait souvent des personnes qui vendaient des places devant le théâtre Marinski juste avant les représentations et c'était très facile d'obtenir des billets au dernier moment. Ici, ce n’était malheureusement pas le cas, et nous avons vite compris qu'obtenir quatre entrées allait être compliqué…
28_18_teatro7CR09575blog.jpgNous avons écrit sur une feuille de papier que nous aimerions acheter des places et Magali a vaillamment tenu la feuille devant elle pendant trois quarts d'heure… nous regardions avec espoir les gens qui passaient, appréciant les tenues sophistiquées des uns et des autres. Beaucoup de gens nous faisaient des sourires, mais malheureusement, personne n’avait de billet à nous vendre!

A 19h55, nous n'avions plus vraiment d'espoir et nous pensions déjà devoir rentrer à la maison quand une femme habillée d’une belle robe rouge s'est approchée. Elle nous a dit de patienter, qu’elle allait voir si elle pouvait faire quelque chose. Quelques minutes plus tard, elle est revenue, a pris Magali par la main et nous a dit de la suivre. Entendant qu’on parlait français, elle nous a expliqué dans un français parfait qu’elle était la Ministre de la culture de la ville, qu'elle trouvait qu'il fallait que ces enfants voient ce théâtre, et qu'elle avait décidé de nous offrir sa loge!

Et voilà comment nous nous sommes retrouvés aux meilleures places, juste en face de l'orchestre, dans cette magnifique salle de concert. Les enfants ont compris qu’il fallait faire honneur aux sièges que nous avions la chance d’occuper car ils ont été irréprochables (heureusement, car je crois bien qu’ils étaient les seuls enfants dans la salle, et puis c'était quand même grâce à eux que nous étions assis là…). Merci, Madame la Ministre, pour ce geste généreux et inattendu! C'était une belle soirée dont nous nous souviendrons!
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Scènes de rue et aires de jeux
Avec les enfants, nous avons découvert de nombreuses aires de jeux toutes plus originales les unes que les autres…
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28_24_airejeux_7CR09382blog.jpg… et nous nous sommes promenés dans divers quartiers du centre-ville, à l'ambiance parfois très différente.
28_25_ruepietonne_7CR09993blog.jpgSan Telmo
28_26_velos_7CR100010blog.jpgVélos en libre-service
28_27_bandoneon_7CR09714blog.jpgJoueur de bandonéon
28_28_boca_7CR09799blog.jpgAvec ses maisons colorées, le quartier de la Boca égaye une journée de pluie
28_28ombu_7CR09701blog.jpgAu centre-ville, il y a beaucoup d'arbres et d'ombú magnifiques
28_29_drapeau_7CR00175blog.jpgPar une belle soirée d'été
28_30_shopping_7CR09689blog.jpgAu centre-commercial: je me suis demandée si ces hommes attendaient que leur femme ait fini de faire du shopping?!
28_31_scenederue_7CR09364blog.jpgC'est la première fois que je vois un coiffeur exercer son art au milieu d'un parc!

Tango
Buenos Aires est bien sûr la ville du tango: ici, on peut aller danser à peu près à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit - nous avions vraiment l'embarras du choix! Nous nous sommes tenus à un rythme raisonnable (juste danser 5 fois en 10 jours, cette fois sans nuit blanche) Nous avons suivi plusieurs cours de qualité, et découvert que nous pouvions tout à fait emmener les enfants avec nous. Ils dessinent, regardent, ou encore boivent une limonade, et arrivent à rester sages sans problème le temps de la leçon. Pour les milongas, c'était cette fois un peu plus compliqué mais nous avons pu quand même en avoir un aperçu.
Comme l'ambiance diffère beaucoup d'une milonga à l'autre, c'était intéressant d'en voir plusieurs.
28_32_milongaaprem_7CR00069blog.jpgLa milonga de l'après-midi - pas vraiment ma tranche d'âge, mais je m'y suis bien amusée quand même!
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Acheter des chaussures de tango était un passage obligatoire - finies les ampoules aux pieds, j'ai désormais des chaussures qui sont (presque) aussi confortables que des chaussons malgré leurs talons. Les pesos argentins ne valant malheureusement pas grand chose, on passe notre temps à transporter de grosses liasses de billets qui prennent beaucoup de volume mais qui valent très peu. Pour payer mes chaussures qui valaient 130 000 pesos, il m'a fallu passer quelques minutes à faire des petits paquets de billets car j'avais beaucoup de billets de 1000 pesos (qui sont l'équivalent d'environ 0,85€) et peu de billets de 10000… j'avais l'impression d'être en cours de maths ou de jouer au Monopoly!28_34_IMG_1590blog.jpg
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Retrouvailles familiales, expériences culinaires et fin du voyage
Au milieu du séjour, les parents de Michael sont arrivés (depuis la Suisse), donc Buenos Aires a aussi été la ville des retrouvailles, des promenades en famille et des expériences culinaires. Michael a pu se régaler de ceviche, moi de gratin dauphinois, et nous avons mangé une fois un morceau de boeuf qui restera dans nos mémoires autant pour son goût que pour l'explication du serveur. Etant incultes en matière de viande, nous étions un peu dépassés par les noms et le nombre de morceaux proposés, alors nous avons apprécié qu'il nous détaille avec tant d'amour et de patience les spécificités de chaque viande (et ça prenait du temps car il y en avait plein). Nous nous souviendrons également de l'offre spéciale du glacier qui proposait 1kg de glace gratuit pour 1kg de glace acheté (8 parfums au choix) - autant dire que nous avons succombé à cette offre imbattable!

Buenos Aires avait donc beaucoup de choses à nous offrir et nous en avons bien profité (je pense que la longueur de cet article en est une bonne preuve). Nous ne pouvions vraiment pas souhaiter mieux pour finir notre voyage en beauté avant de rentrer en Uruguay!