Un petit détour par la Bolivie (Tarija)

Nous avons retraversé la Cordillère des Andes dans l'autre sens, partant de San Pedro (de Atacama) pour arriver à San Pedro (de Jujuy). Nous avons roulé toute la journée, passant de paysages désertiques à des paysages plus verts, sentant l'atmosphère devenir plus moite à mesure que nous descendions en altitude… la province de Jujuy nous a accueillis par une pluie battante, de l'orage, et d'énormes flaques d'eau sur la route (à se demander parfois si c'était encore une flaque ou déjà un ruisseau?!), ce qui contrastait radicalement avec la sécheresse des jours précédents.
De San Pedro de Jujuy, nous avons continué le lendemain vers la Bolivie… une incursion improvisée dans un pays que nous aurions aussi bien aimé découvrir! L'Argentine nous avait paru plus accessible pour un premier road-trip, mais comme nous avions dix jours devant nous avant le festival de tango de Salta, nous avons décidé de faire quand même un petit détour par Tarija. 25_1_carteTarija.jpg
Le choc de l'entrée en Bolivie
Le passage de la frontière a été laborieux: beaucoup de monde, chaleur intense, formulaire d'entrée à remplir en ligne mais pas d'internet… toutefois, avec de la patience, tout finit toujours par s'arranger!
La première surprise fut de constater qu'il y avait une heure de décalage horaire - ce qui était plutôt un avantage, car nous avions passé beaucoup de temps à la frontière et il restait encore de la route à faire jusqu'à Tarija.
C'est en entrant dans la ville de Bermejo pour retirer des pesos bolivianos que nous avons pris conscience que nous n'étions plus en Argentine. La première chose qui nous a frappés, c'est l'ambiance bien plus chaotique. Nous avons vite été submergés par la densité des informations visuelles et auditives: une multitude d'échoppes colorées et de vendeurs ambulants, des voitures, des bus et des motos qui tentaient de se frayer un passage dans l'embouteillage, des piétons surgissant de tous côtés… et de nombreux fils électriques enchevêtrés donnant une touche anarchique au paysage urbain. Nous étions un peu intimidés car notre assurance voiture n'étant pas valable en Bolivie, il nous fallait être extrêmement prudents… et circuler au milieu de ce chaos était quelque peu stressant!

Sur la route entre Bermejo et Tarija, nous avons commencé à douter: était-ce vraiment une bonne idée de venir ici?! L'asphalte en soi était en excellent état (je dirais même qu'il était en bien meilleure condition que bien des routes argentines…) mais les panneaux "zone géologique instable", "chute de pierres" ou "chaussée glissante" n'étaient pas là pour décorer: beaucoup d'eau ruisselait sur la chaussée, et beaucoup de pierres avaient roulé sur les côtés (il fallait donc régulièrement en contourner). Ajoutons à cela que la route serpentait beaucoup, que les tunnels n'étaient pas du tout éclairés (pas une lumière, pas un réflecteur…) et que dans l'un d'entre eux, une cascade d'eau sortie de nulle part nous a carrément douché le pare-brise de façon totalement inattendue alors que nous avions déjà des difficultés à voir dans le noir… Nous avons quand même eu un grand fou rire après un énième contrôle policier, quand le policier nous a demandé le passeport de Martin et que nous avons compris qu'il n'avait pas vu Magali à cause du mur d'affaires entre les deux enfants dans la voiture :-D
Il y avait parfois des animaux confortablement allongés sur la route…
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… et deux ou trois fois, nous avons vu des véhicules garés sur le côté, leur conducteur occupé à changer une roue crevée. Tout cela n'était guère rassurant, et nous étions pressés d'arriver.

Une bonne surprise: l'excellent hôtel-camping!
Michael avait repéré un hôtel-camping à Coimata, juste à côté de Tarija… il a fallu traverser toute la ville à l'heure de pointe, et la lumière du jour commençait à baisser quand nous avons atteint l'hôtel. Il s'est avéré excellent et nous étions bien contents car le voyage nous avait épuisés. Nous n'avions pas encore expérimenté le concept de l'hôtel-camping: camper dans le jardin de l'hôtel en bénéficiant du petit-déjeuner inclus et d'installations parfaites pour les enfants. Le propriétaire ayant eu cinq enfants et aimant bricoler, il y avait là un trampoline, une cabane dans les arbres, cordes et balançoires, piscine… et même une tyrolienne artisanale fabriquée de ses mains qui fonctionnait avec un moteur (pour remonter en marche arrière, s'il vous plaît!) et un frein de moto.
25_3_7CR08037blog.jpgNos tentes…
25_4_7CR07999blog.jpg… et la vue depuis les tentes!
25_5_7CR08049blog.jpgLe délicieux petit-déjeuner :-)
25_6_7CR08202blog.jpgLes jeux pour enfants
25_7_7CR08473blog.jpgLa tyrolienne

Belle nature
Coimata est un petit village situé dans la nature, juste à côté de Tarija. Le coin est très vert. On nous avait recommandé une belle balade le long d'un ruisseau jusqu'à une cascade. Nous avons dû nous y reprendre à deux fois pour la faire, car la première fois quatre chiens nous ont barré le chemin en nous aboyant dessus et nous n'avons pas osé continuer. On nous a dit que c'était normal de croiser des chiens dans la rue car il n'y a pas toujours de clôture, et que normalement ils aboyent juste… la deuxième fois, nous avons donc pris notre courage à deux mains, et en effet, ils ont aboyé avec tout leur coeur et nous ont suivis quelques pas, mais ils ne nous ont pas mordus (ouf!).
C'était un dimanche et il y avait plein de gens du coin venus passer un moment en famille ou entre amis au bord de l'eau, pour se baigner ou pique-niquer. La promenade fut très agréable et rafraîchissante. L'eau était limpide - pas étonnant qu'on ait pu boire l'eau du robinet sans tomber malade puisqu'elle venait justement de ce ruisseau.
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25_10_IMG_1260blog.jpgIl y avait surtout des hommes qui se baignaient, et pas une seule femme en bikini, donc il m'a paru plus décent de garder le t-shirt (était-ce encore décent après la baignade, ça je l'ignore… heureusement, il faisait chaud donc les habits ont vite séché) L'ambiance était agréable et détendue.

Tarija, ses marchés et vendeurs ambulants
Michael souhaitant conduire le moins possible, nous avons pris à chaque fois le taxi-collectif pour aller à Tarija depuis Coimata. C'est une voiture avec deux banquettes arrière qui s'arrête à la demande. Boîte à sardines serait probablement un terme plus approprié, car quand trois adultes ont des enfants assis sur les genoux, on est tous un peu serrés… c'était une expérience intéressante pour les enfants, qui se sont tous deux étonnés de ne pas devoir mettre la ceinture de sécurité!
Au centre-ville, nous en avons profité pour faire refaire la clef de voiture perdue - le travail a été fait sous nos yeux de façon très artisanale et nous avons dû y repasser deux fois, mais finalement ça fonctionne!
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J'ai beaucoup aimé prendre en photo des scènes de la vie quotidienne.
25_12_IMG_1264blog.jpgUn mini-bus collectif devant la "Casa dorada"
25_13_IMG_1029blog.jpgDans une rue du centre-ville de Tarija
25_14_IMG_1014blog.jpgIci,c'est courant de voir quatre personnes sur une moto…
25_15_7CR08577blog.jpg… et des choses fixées de façon créative sur les véhicules
25_16_7CR08321blog.jpgDes guirlandes de câbles
25_17_7CR08008blog.jpgUne rue proprette du centre-ville de Tarija
25_25_7CR08350blog.jpgLit-elle l'avenir dans les cartes?
25_19_7CR08292blog.jpgVendeuses ambulantes
25_22_IMG_1086blog.jpgUne femme à l'habillement et à la coiffure traditionnels
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25_18_7CR08399blog.jpgDans la foule des marchés
25_21_7CR08425blog.jpgTricoter entre les patates
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25_26_7CR08432blog.jpgCes femmes ont eu un si beau fou rire

Les marchés sont des lieux foisonnant de couleurs, d'odeurs, de monde… et même si la pauvreté y est évidente, ce sont des endroits fascinants car pleins de vie.

Il n'y a pas tellement de touristes européens qui viennent à Tarija, et une question revenait sans cesse: "¿De dónde son?". C'est vrai que ça se voyait tout de suite que nous étions étrangers. J'ai parfois senti des regards empreints de curiosité, mais pas d'animosité - j'ai pu me promener l'appareil photo autour du cou sans me sentir mal à l'aise ou en insécurité.

Déconstruire les préjugés
Plusieurs personnes nous avaient déconseillé d'aller en Bolivie à cause des risques liés à la route, la sécurité et l'hygiène. Je pense que les recommandations des autres sont utiles, mais finalement, chacun fait ses propres expériences… Nous sommes restés seulement une semaine, et Tarija n'est pas du tout représentatif de la Bolivie, donc autant dire que nous n'avons pas eu le temps de nous faire une image du pays ni d'entrer dans la culture locale. Toutefois, cette semaine nous a permis de déconstruire certains préjugés que nous avions. J'ai trouvé les paysages magnifiques, les gens chaleureux et l'animation des rues inspirante. Nous avons très bien mangé (nous avons adoré les sopas de mani et sopas de quinoa des cantines locales) et nous avons été étonnés de pouvoir boire l'eau du robinet sans devoir la filtrer. Pas eu le moindre souci intestinal alors que nous nous attendions plutôt au contraire. Bref, passé le choc de l'arrivée (dû également à la fatigue), nous avons passé une très belle semaine en Bolivie!